lundi 24 décembre 2012

Everytime my balance was fine, I was just walking on one fine wire.


Il y a tant de choses que je me suis promis de faire une fois que la prépa serait finie. La première était d’écrire, écrire plus et laisser des traces de mes passages, beaucoup plus heureux que ceux reliés à la prépa. Mais il y a une vérité, écrasante : on n’écrit beaucoup moins et même moins bien quand tout va bien. Car oui, je vais bien, tout va bien (parenthèse du soir de Noël que je hais du plus profond de mon âme et conscience). J’ai intégré une jolie école, les Mines de Nancy, celle qui me faisait rêver, des étoiles dans les yeux dès l’ouverture de ce blog. Je suis fière du chemin accompli. Quand je suis retournée dans ma prépa il y a un peu plus d’un mois, j’ai eu le cœur rempli d’émotions contradictoires. À la hâte de revenir pour savourer mon moment de gloire, a succédé la crainte en repassant devant certaines salles de colle. Puis l’excitation, la frénésie de revoir ces têtes connues, les traits détendus, le sourire aux lèvres, à mon image. Puis l’immense fierté en parlant aux anciens profs, en réalisant le chemin parcouru, la volonté de fer, l’envie, la rage parfois, les larmes, souvent. Enfin, l’effondrement. Car oui, après le 17 novembre 2012, j’avais accompli toutes mes missions et la prépa est maintenant un chapitre clos dont je pense avoir tiré tous les enseignements possibles. Maintenant, il faut juste que je le mette en mot car une autre chose que je m’étais promise en prépa est qu’une fois qu’elle serait finie, j’écrirai une lettre ouverte pour raconter son enfer, ses hauts, ses bas, les écrits, les oraux. Ouverte à qui ? Aux taupins, aux autres, à ceux qui veulent comprendre, à ceux qui le doivent.
Je disais avoir tiré tous les enseignements possibles. Je ne dis pas que cela a été immédiat. On fait des conneries en arrivant en école, des conneries aussi grosses que soi. On pense que parce qu’on a dit non à tout pendant deux ans, il faut dire oui à tout pendant deux semaines. Alors on rencontre des gens, on embrasse, on donne son numéro de téléphone, on découche, on baise, on chope encore, on blesse des gens qui nous suivent depuis des années parce qu’ils ne nous reconnaissent pas. Et un beau jour, on réalise que ce n’est certainement pas parce qu’on a dit non à tout qu’après on doit dire oui à tout. On réalise que ce que notre père nous disait, que le trop est l’ennemi du bien, se révèle être vrai. On s’en veut, on adresse des mea culpa, on prend des murs, on paye les pots cassés pour se retrouver et pour retrouver nos alter ego. J’ai laissé une part de maturité en prépa, j’en ai conscience et je peine à la retrouver. C’est un comble, vouloir se retrouver un peu comme en prépa ? Non, on veut juste se reconnaître et s’assumer. Alors c’est comme un ordinateur, on essaye de trouver le point de restauration système, le moment où tout allait bien. On se trompe, encore. La marche arrière n’est pas possible. Il faut aller de l’avant, c’est ça s’assumer. Ce n’est pas se cacher derrière une image qu’on a de soi, c’est la reconstruire. On s’est détruit, on a reconstruit, on s’est puni. Et aujourd’hui, après avoir navigué entre les limbes, je crois que ça va. Je sais juste que je n’ai pas fini de construire ce bonhomme de chemin. Que la prépa, c’est pas comme une épreuve traumatique mais presque, que pour certains il y a un temps de convalescence et j’en fais partie parce que je l’ai vécue à fond. Sûrement trop, mais je sais aussi que si c’était à refaire je le referai. Afin de n’avoir aucun regret.
Je me souviens encore aujourd’hui, et je pense que je m’en souviendrai toute ma vie, du moment où j’ai vu qu’en face de mon nom, il y avait écrit « Ecole Nationale Supérieure des Mines de Nancy ». Je me souviendrai de l’immense soulagement, des jambes qui ont cédé sous moi, de mes larmes, mes premières larmes de joie en prépa. Enfin hors de la prépa, car c’était fini. À ce souvenir, ainsi qu’à celui des oraux mais pour des raisons bien différentes que j’expliquerai peut-être un jour, il m’arrive encore de pleurer. Le chemin parcouru. Celui qu’il reste encore à parcourir. L’éternel recommencement.
2013 arrive. Je n’aurai jamais cru que 2012 aurait été un si beau cru. Je l’avais fêté pourtant avec (presque) toutes les personnes importantes à mes yeux. Toutes ces personnes ont eu ce qu’elles désiraient, elles ont réussi. Nous ne pouvions être plus fiers de nous. Dans quatre jours, j’aurais toutes (encore une fois presque) ces personnes autour de moi pour fêter mes vingt ans. J’aimerais leur porter autant chance que ce qu’ils m’ont porté durant cette année forte en émotion. Emotions dont je ne pourrai pas toutes parler.
Il paraît qu’il est l’heure, après avoir fait sa liste au père Noël, d’établir sa liste de bonnes résolutions. Tenir mes promesses faites en prépa me semble être un premier pas. Garder mes amis autour de moi me semble le plus important. Réussir ce que j’entreprends me semble le plus raisonnable. Vivre me semble le plus indispensable. Conjuguer tout cela sera donc l’objectif de 2013.