dimanche 30 octobre 2011

We found love.



Il y a cette chanson de Rihanna qui tourne en boucle, en duo avec Calvin Harris, si on peut appeler ça un duo. J’adore Calvin Harris, je sais, c’est très mal mais moi j’ai fondu pour I Created Disco et Ready for the Week-end n’a rien arrangé. Donc j’aime ce petit DJ anglais ou écossais je ne sais plus et j’aime encore plus ce duo avec Rihanna. J’ai aimé l’écouter à fond dans ma voiture, seule en sortant de chez la coiffeuse ou dans la voiture encore, avec mes quatre meilleures amies dedans – il en manquait un à vrai dire. Je n’ai plus de problème avec le fait d’écouter de la daube, j’assume, c’est moche. Pour rattraper, je compense avec le dernier Coldplay et le dernier Oasis euh pardon Noel Gallagher (quoi, j’ai pas dit que c’était pareil hein). Mention spéciale à Charlie Brown pour Coldplay et AKA… Broken Arrow pour le frère Gallagher. Ecoutez si vous voulez, moi en tout cas, je ne m’en lasse pas.
Je suis en vacances, c’est du domaine du miraculeux. En fait pas du tout, je travaille quand même huit heures par jour. Mes plaisirs se résument à parler à M. quand je veux, appeler L. trois fois par semaine, regarder des séries et parler avec mes parents. Je vous jure que c’est déjà pas mal. Je ne suis plus à Marseille. Je suis loin de cette ville maudite. Je suis loin du lycée Thiers et de ses malheurs qui vont me retomber inexorablement dessus dès jeudi matin 8 heures, ouvrant les hostilités avec quatre heures de DS de maths. Je suis sûre que vous êtes tous très jaloux, n’est-ce pas ? Trêve de plaisanterie. Nous sommes un dimanche soir, je suis chez mes parents et ce moment est véritablement sacré. Je vais me coucher ce soir après un épisode de Grey’s Anatomy, j’aurai ma bouillotte sur le ventre ou la tête pour évincer la migraine qui me tanne depuis quatre jours, et j’oublierai qu’il me restera 3 jours ici. Le temps passe vite quand tout va bien. Oui c’est cliché mais c’est tristement vrai. J’aimerais que cela passe plus vite quand je suis à Marseille. J’aimerais être sûre que tout s’accélère jusqu’à une fin heureuse. Paris, mamie à une heure de train, M. à deux stations de métro, mon écharpe bleu nuit, ma marinière, mes chaussons chez elle, les soirées dans le Marais, les mecs qu’on irait chercher, les dimanches à décuver. Et même si ce n’est pas Paris, Lyon m’irait car il y aurait la petite crevette pas loin, et L. et S. à une heure de train, alors je dis oui. Parce qu’il est terrible de vivre loin des gens qu’on aime et ave qui on aimerait tout partager.
Jeudi soir avant les vacances, je suis allée au restaurant avec les gens de ma classe et les profs. C’était étrange. Au bout de trois heures, j’avais épuisé mon cota d’hypocrisie pour la soirée. C’était éreintant les sourires et les faux-semblants. J’ai fui le sacro-saint dernier verre comme une voleuse, lui préférant appeler L., qui était à une soirée, bourrée mais avec une capacité impressionnante d’écoute et de compréhension. Il ne m’avait pas fallu ce quart d’heure au téléphone pour le savoir, mais L. me manquait beaucoup, S. aussi, sans parler des autres. J’étais amère. Elles me manquaient et c’était avec elles que je voulais boire un verre ce soir-là. Papa me disait que les lieux importaient peu quand il y avait les gens qu’on aime qui nous entouraient. Je ne savais pas à quel point il avait raison jusqu’à l’année dernière. Et cette année, encore.

samedi 8 octobre 2011

When I was a child, I was a jedi.




Mes pieds sont froids. Ça m’apprendra à mettre des ballerines avec mon chino (le même que M. alors à chaque fois que je le mets, je pense à elle) alors qu’il y a un mistral qui souffle au dehors à cent kilomètres heure. Il faisait froid dans ce garage mais nous étions nombreux et c’était chouette de revoir des visages connus. Nous fêtions les 25 ans d’un ami commun, je me suis sentie jeune et surtout envieuse à les voir. Surtout ce couple. Elle française, lui allemand, colocs en Irlande puis en couple, elle a ramené son berlinois en France et ils étaient vraiment beaux. Je suis vite partie. Mon réveil sonne dans un peu plus de sept heures. Aujourd’hui j’ai travaillé dix heures. Je suis malade. Je me plains. C’est moche.
Le dernier album de Feist est vraiment très bien. Je mets une mention toute particulière à The Bad of Each Other et A Commotion. C’est le premier album que j’arrive à écouter en travaillant et je vous jure que ça change tout, ou presque. Je me sens moins seule dans ces moments là. Je crois devenir folle. Je crois que je n’aime vraiment pas ma vie. J’ai conscience que cela est un choix de ma part, un sacrifice que j’ai accepté de faire pendant deux ans, mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Surtout  quand les sacrifices ne payent pas forcément, car vos facilités sont inexistantes tandis que celles des autres cruellement présentes, prêtes à vous écraser.

M., L., et S. me manquent.

mercredi 5 octobre 2011

Metals.

Passer une journée de merde. S'endormir sur le DS de physique à ne pas rater. Être malade. Entendre ses voisins baiser. Télécharger le dernier Feist. L'écouter. Prendre une claque.

dimanche 2 octobre 2011

All we need in our lives is a suitcase.




Aussi loin que je me souvienne, les dimanches soirs ont toujours eu un goût amer.
Il y a eu d’abord tous ces dimanches où il fallait à Marseille pour voir la foutue famille. Se lever tôt le matin, se faire jolie, nouer les cheveux, mettre une robe, afficher le sourire de circonstances et y aller. Nous allions chez ma tante, mon oncle, ma grand-mère. Mon père avait ce besoin irrationnel de voir sa famille une fois par semaine. Je ne sais pas d’ailleurs pourquoi je parle au passé, c’est toujours le cas, de surcroît depuis que je fais mes études à Marseille. Il nous a imposés ce besoin à ma mère et à moi. Aller chez des gens qui auraient voulu ne jamais avoir à entendre parler de nous. La politique de l’autruche. Ils auraient pu en écrire la méthode tant elle est pratiquée à outrance dans ces contrées pas si lointaines. Elle est leur vraie religion, le Dieu hypocrite. Bref, je m’éloigne du sujet. Nous allions là-bas faire bonne figure, jouer à la famille unie, aux cousins complices. Faux. Ma seule famille n’a jamais et ne sera que mes parents. Il me tardait donc d’être le dimanche soir pour rentrer à ma maison et rester avec eux, malgré l’amertume de la journée.
Cela a duré jusqu’au lycée. Il y a eu un incident. Les dimanches ont été passés de plus en plus souvent à deux à la maison, ma mère et moi, mon père là-bas. Un nouveau compromis entre mes parents. Un compromis qui m’arrangeait bien je dois le dire. J’aimais bien ces dimanches à ne rien faire. Mais je détestais le soir, quand mon père rentrait de cet endroit où on avait pu lui laver le cerveau à tout instant. Je ne savais jamais s’il reviendrait avec le sourire ou la colère parce que la reine mère avait fait des siennes. Les dimanches soirs étaient donc emplis de doutes et de culpabilité. Je ne les aimais pas beaucoup plus que ceux d’avant.
Trois ans plus tard, c’était à mon tour de partir à Marseille mais pour des raisons bien différentes que celles qui m’y avait amenée dans le passé. Depuis, la vie s’est inversée. La semaine je suis à Marseille et le week-end je suis à Avignon. Sauf le dimanche soir. Je suis ici, dans mon studio. C’es le seul moment d’accalmie de la semaine. Le week-end est fini, la pile de boulot plus ou moins abattue.  J’ai pris mon train. J’ai passé une demi-heure à écouter de la musique, les yeux fermés, à prier pour que cette vie de chien soit un cauchemar. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, je suis à Marseille Saint-Charles. Soupir. Seul moment d’accalmie pourtant oui, car je n’ai pas à travailler, du moins je me le refuse. Alors je pense. À la semaine écoulée. Aux mauvaises notes, aux remarques désobligeantes, à quelques meilleurs moments, à R. qui m’a avoué que je lui manquais, aux premiers DS de quatre heures. Ce n’est pas tant ça qui a marqué ma semaine. Du moins, j’essaye d’effacer les mauvaises notes et les colles qui se sont mal passées. Ce qui a marqué ma semaine, ce fut jeudi soir. Je suis sortie boire un verre avec quelques personnes de ma classe, une paire d’heure. J’ai regretté, amèrement, ce désir de me sociabiliser. J’ai passé la soirée à entendre que ces jeunes avaient une vie sexuelle débridée depuis leur plus jeune âge, qu’il était impossible de trouver quelqu’un de puceau à notre âge, que c’était ringard, qu’être classe finalement, c’était emballé en soirée, se faire traiter de salope, avoir des histoires de fesses, montrer aux copains qu’on est le plus fort, se faire passer pour une pute. Mais surtout, ne rien assumer de tout cela. Car dès que les mots, les vrais, franchissent les lèvres et même avec le sourire, ils font mal. Et c’est pour ça que cette fille-là, cette fille qui me dit que je suis trop proche de mes parents et que c’est absurde que je n’ai jamais eu personne de ma vie, s’est retrouvée à pleurer. Parce qu’on lui a dit la vérité en face. Que c’était une pute. Mais voilà, quand on le dit de soi, c’est toujours plus facile. On en rit, on efface, on recommence. Quand ça sort de la bouche des autres, ça prend de suite un caractère officiel. Echec. C’est beau de jouer la comédie. Mais qu’en est-il du regard des autres ? Du vent qui effondre le château de cartes. Je préfère être à ma place qu’à la sienne, c’est triste penseront certains. C’est parti pris diront d’autres. Evidemment que ça l’est. Mais si on a plus le droit de puter sur personne, moi je ne suis plus de la partie.
L’autre temps fort de cette semaine a été une conséquence de ce jeudi soir. Crétin s’est mis à enquêter sur moi pour savoir ce que j’avais fait ce soir-là. Ça, ajouté au fait que j’ai appris qu’il avait parlé de « nous » – oui moi aussi j’ai été surprise qu’il y ait un nous – à d’autres gens, il n’en a pas fallu plus pour me mettre en colère. Il voulait voir ce que ça faisait, il n’a pas été déçu j’espère. Il est fou, simplement fou. Et il me fait vraiment très peur pour le coup. Il s’imagine des choses, extrapole. Je ne veux pas être demain. C’est ce que je me dis aussi les dimanches soirs. J’anticipe la semaine à venir et je me dis : « Je ne veux pas être demain ». Ce soir plus que les autres soirs. Les autres soirs, j’ai « juste » la prépa à affronter, et j’ai bien compris que prier pour me réveiller dans un an ne marcherait pas, alors je me prépare. Mais ce soir, j’ai la trouille au ventre de ce que ce mec qui me plaisait il y a trois semaines, pourra me sortir et me péter à la gueule. Encore. Je le hais d’exister. Je le hais de prendre autant de plaisir à manipuler les gens avec une innocence déguisée. Bambi improvisé, j’aimerais qu’un chasseur passe par là et te règle ton sort.
Les dimanches soirs sont des moments étranges. Comme des limbes. La semaine vient de se finir. Une autre va commencer. Et toi tu es entre les deux et tu attends. Tu attends de savoir à quelle sauce tu vas être mangé.