samedi 24 septembre 2011

Looking back.



Comment torturer crétin, le manuel. C’est ce que C. a écrit pour moi, ce que nous avons conçu ensemble pendant une conversation Facebook de 654 messages hier soir. M. a dû rire quand C. lui a raconté. Le but étant d’achever Crétin, de l’achever de jalousie. Car C. a fait un diagnostic que j’ai trouvé très bon. Crétin était ravi que je lui coure après la première semaine. C’est vrai, quoi de mieux pour l’égo qu’une fille qui ferait tout et n’importe quoi pour vous avoir ? Et puis, je suis d’accord avec une chose, le flirt est une période très agréable. Mais bon, là j’ai clos l’affaire et ça ne semble pas lui plaire. Et plus je me refuse à lui, plus ça l’excite comme C. dit. Alors avec C., on essaye de le rendre fou sur Facebook avec des petits mots. C. joue le mec imaginaire. Ça m’amuse beaucoup. Pour le moment, aucune nouvelle de Crétin. Peut-être est-il occupé à baiser sa copine de téléphone. Ou alors en cherche-t-il une autre. J’ai mangé avec E. vendredi midi, accentuant la jalousie de Crétin. E. n’aime pas Crétin, il le côtoie depuis un an et il semblerait que Crétin soit en fait une blague Carambar. Une blague Carambar qui s’invente des coups d’un soir et qui chope deux meufs différentes pendant un week-end ski. Mais rappelons-le, Crétin est fou amoureux de sa copine avec qui il est depuis presque trois ans. Oui, oui fou amoureux d’elle. Crétin compte les jours avant de la revoir. Des fois je me demande ce que sa dulcinée penserait de son comportement, si elle savait. C. avait pensé à ce que je balance tout à sa copine. Je suis une pute, mais pas à ce point. Enfin je crois.

vendredi 23 septembre 2011

If there's a time when your feelings gone, I wanna feel it.




Mes voisins baisent. C’est le deuxième soir que je les entends. La fille gémit plus fort que le mec et honnêtement, quand vous devez prouver en même temps que K[X] est un anneau intègre, je vous assure que c’est pas facile pour se concentrer. Et puis allez, je vais faire ma petite remarque de célibataire endurcie : les couples, ça pue.
Ça pue d’autant plus quand le mec qui vous plaisait la semaine dernière et avec lequel vous auriez volontiers imité vos voisins, se pointe chez vous à l’improviste à dix heures du soir. Je contextualise rapidement : je suis en pyjama, les cheveux ramenés en un chignon, un bon pull doudou Abercrombie & Fitch ramené des US cet été et un sarouel à fleurs. Canon j’vous jure. Et lui arrive, la bouche en cœur, les bras grands ouverts, pensant que je lui ouvrira les miens et, qui sait, je lui ouvrirai peut-être mon lit double qu’il a tant apprécié. Faux, comme dirait notre ami Norman. Déjà, que quelqu’un sonne à l’interphone à cette heure là, c’est flippant. Mais alors, que ça soit le mec qui vous plai(sait). Je l’ai haï à cet instant précis. De me faire si peur, de jouer avec moi, de penser que je pouvais être si faible pour lui succomber d’un claquement de doigt et d’un coup de sonnette à mon interphone. Je l’ai haï alors qu’il aurait pu être chez moi, dans mon lit. Et là, je me suis dit que c’était fini. Trois étapes. La haine puis l’indifférence se sont succédées tellement rapidement en moi que je n’ai rien vu venir. Il n’a jamais passé le seuil de mon appart. Il ne m’a pas touché, je l’en ai empêché et c’est une de mes fiertés de la journée. À chaque jour ses démons. Lui a été chassé. Au revoir.
Depuis j’écoute au volume minimal quelques chansons douces, comme Karma Police ou No Surprises en live au Réservoir. Je remercie E. de m’avoir fait découvrir ces perles de Radiohead, que je ne soupçonnais pas. Je ne reviendrai pas sur le fait que Radiohead me fait habituellement déprimer. Les exceptions se multiplient certes, mais pas de là à en faire une règle générale. E.  a passé une heure chez moi hier soir après les cours. Crétin était horriblement jaloux. « Comment ça il vient chez toi ? Par hasard, il vient le soir de la semaine où t’es le plus stressée ? » Bah oui. Et c’était bien. C’était juste échanger de la musique et parler de cette vie de fou qu’on mène. Mais au fond, je crois que je n’avais besoin que de cela. Un mec, en soit, on en a pas besoin. C’est peut-être ridicule pour ces gens en couple depuis des années, mais je trouve ça vrai. Je peux vivre sans mec. J’ai très envie de certains moments à deux, sous la couette ou en dehors, mais je n’en veux que certains, je ne les veux pas tous et c’est ce qui me fait dire que je ne suis pas encore totalement prête à m’engager dans ce genre de relations qui s’apparentent à celle d’un couple marié à 18 ans. Crétin est englué dans cette relation. Crétin du coup débarque chez les jolies rousses à 22 heures et les traumatise au passage. Je hais Crétin. Oui je me répète et c’est vain. Je disais donc que je ne pense pas avoir foncièrement besoin d’un mec et que je me crois de vivre seule encore un moment. Je veux juste des choses simples, je ne crois pas demander la Lune quand je dis vouloir passer un week-end à Clermont pour voir M. qui me manque tant ou bien aller voir L. et S. à Dijon, les voir à l’hôpital en futures médecins, être fière d’elle. Je veux juste boire un verre de rhum jeudi soir avec E. et ne rien en attendre. Je veux finir cette année de la meilleure façon qui soit, et ça sera sûrement la chose la plus compliquée à réaliser. Je suis égoïste finalement. J’ai envie de l’être. Penser aux autres oui, mais à ceux que j’aurais choisi pour m’accompagner.

lundi 19 septembre 2011

Idioteque.




Aujourd’hui, j’ai décidé que j’étais forte. Oui vraiment, juste aujourd’hui là comme ça. En fait je vous mens un peu, c’était hier. Je faisais mon jogging hebdomadaire, seule activité physique que j’arrive à maintenir à peu près régulièrement depuis que je suis en prépa. Je disais donc que j’avais décidé d’être forte. J’ai décidé que je ne ferai pas 5/2 quoi qu’il arrive, j’ai décidé que j’aurai une putain d’école d’ingénieur (du genre des Mines de Paris avec sa résidence étudiante boulevard Saint-Germain-des-Prés et sa vue sur le Jardin du Luxembourg). Je m’essaye un peu à la méthode Couet j’ai l’impression. Nous connaissant, moi et mon pessimisme inhérent, vous devinez que ce n’est pas gagné, que je tienne cette résolution là. J’ai un regain d’énergie et de force qui me dit que rien ne peut m’atteindre. Je pense quand même que mon orgueil y est pour quelque chose et je m’attends à un sale tour de ce dernier d’un jour à l’autre. Il l’a déjà fait quand je suis rentrée en sup et que j’ai osé imaginer, le temps d’une seconde, que je passerai moi aussi à travers toutes les légendes de la prépa. Forcée de constater que c’est faux, je me suis battue. Et aujourd’hui, je pense que si je me bats comme ça, ça ne peut pas être pour des prunes.
Crétin se tient à carreaux le soir, ça fait 48 heures que j’arrive à avoir une paix royale une fois la porte de chez moi claquée et je peux vous dire que ce n’est pas un fait non négligeable. Mais Crétin est jaloux quand d’autres garçons me demandent mon numéro de téléphone – enfin un autre garçon, n’exagérons rien, on sait tous que le proverbe « Un de perdu, dix de retrouvés » c’est du flan. Crétin m’a fait des avances sexuelles. Puis Crétin a dit qu’il faisait ça à tout le monde. Je suis tout le monde. Je suis confondue dans cette masse de gens qu’il voit au quotidien et dont il se fout des sentiments en tordant les mots. Car oui, je reste persuadée qu’il y a des mots qu’on ne doit pas dire à certaines personnes, qu’on doit réserver pour les plus exceptionnels. On fait attention aux mots qu’on utilise. On arrête de les étirer à l’infini, pensant qu’ils ne vous péteront jamais à la gueule, parce que c’est faux. On respecte les mots. On ne modifie pas leur sens, on en apprend de nouveaux si on manque de nuance, mais par pitié, qu’on arrête de clamer des je t’aime insouciants à de parfaits inconnus. Ou bien prononcer le verbe « faire l’amour » à une fille, sachant que cette fille-là, elle vous apprécie, et que vous faire l’amour, elle serait franchement pas contre (pour les sourds-muets-aveugles-malentendants-dyslexiques-et-autres, ladite fille, c’est moi).
Ce soir, j’écoute Radiohead. C’est un phénomène très rare car d’habitude, Radiohead me fait tomber dans un état dépressif assurément, dans les secondes qui suivent la première écoute d’albums comme Kid A ou bien In Rainbows. Mais E. a tenu à ce que j’écoute, comme je tiens au fait qu’il écoute Midnight Boom des Kills. La seule chanson de Radiohead qui fasse exception à la règle de la dépression est Idioteque. Cette chanson m’envoûte autant qu’elle me calme. Elle me projette sur une plage en hiver. Elle impose le rythme à mes jambes quand je cours. Avec ça, je coupe de tout. Même des crétins et de la prépa. Quand je l’écoute, il n’y a plus que le vide. Et croyez-moi, c’est loin d’être terrifiant le vide. Ça l’est beaucoup moins que les doutes et les incertitudes qui nous rongent au quotidien, parce qu’ils nous obsèdent, mais qu’on n’ose pas y penser. Je clame peut-être qu’aujourd’hui, j’ai décidé d’être forte, mais au fond il reste des failles et quelques doutes. On peut vivre sans. Mais alors, on vit bêtement, on ne pense plus. Je veux penser. Je veux exister.
I'll laugh until my head comes off
I'll swallow till I burst
Until I burst
Until I

Note.

Crétin est jaloux.
C. est parti à Nantes, il ne vit plus avec M., ne sera plus là quand j'appellerai M. pour puter sur Crétin. Donc C. va me manquer. Je n'ai jamais vu C.
J'ai toujours envie de l'étouffer à mains nues. Pas C. Crétin.
Il paraît que je suis charmante quand j'ai un sweat doudou sur les épaules. Il me fait rire. J'ai encore plus envie de le mordre que de l'étouffer finalement.

PS : Un jour, j'arrêterai d'aller sur son mur Facebook et de lire ses conversations avec sa meuf (je dois lui trouver un surnom de pute, avis aux amateurs). Un jour ouais.

dimanche 18 septembre 2011

L'amour. La haine. L'indifférence.




Trois étapes L. a dit. L’amour, la haine, l’indifférence. Je pense, en toute honnêteté n’être jamais tombée dans la première. Cela aurait été malheureux. Et ridicule. Oui c’est surtout le mot ridicule qui me vient à l’idée en pensant à ces filles qui se pâment auprès de leurs beaux mâles acquis tout récemment, leur donnant des surnoms tort-la-rigo (je n’ai jamais su comment cette expression devait s’écrire, avis aux amateurs). Le mien s’appelle Crétin. Crétin oui. C’est M. qui a trouvé ça et je trouve que ça lui colle à la peau. Crétin aux yeux bleus. Crétin mal rasé. Crétin qui parle anglais. Crétin qui me fait craquer. Voyez, ça marche à toutes les sauces.
Cette semaine, j’ai plutôt versé dans la haine. De lui. De sa meuf inexistante, un obstacle invisible à mes yeux comme il dit. Je les ai haïs pendant mes nuits ponctuées de somnifères. Je crois que le pire est en fait maintenant, juste là. À ce point de rupture entre envie et haine. Désir sauvage. Je sais que je lui plais, il n’a pas pu être plus clair et il continue sa drague  deux balles avec ses yeux bleus de Crétin Il me plaît. Mais je n’y ai pas droit. Et c’est bien là le pire. Je suis fille unique. Rien à voir me direz-vous, si ce n’est le fait du cliché de la petite princesse qui obtient tout ce qu’elle veut. Il paraît que je ne suis pas capricieuse, que j’ai fait mentir le cliché. C’est con de lui donner raison à 18 ans mais on ne se refait pas. Un mec, ça vous fait revenir à votre état primaire. Primaire, au sens école primaire. Revenir dans la cour de récré, avec le petit garçon qui vous tire vos jolies petites couettes pour vous prouver qu’il vous aime bien. J’ai eu cette impression là avec lui pendant cinq jours. Cinq jours ouais, rigolez, c’est rien du tout, ça se raye. Mais moi je ne les raye pas parce que je ne comprends pas ce qu’il s’est passé dans sa tête durant ces cinq jours. M. pense que je ne devrais pas les rayer parce que, malgré la fin, ce sont des bons souvenirs. J’hésite encore. J’en suis à souhaiter que tout ceci n’ait jamais eu lieu. J’aurais vécu ma rentrée en spé plus sereinement. Je voulais tout, sauf un mec avec des histoires compliquées. Résultat, j’ai les histoires compliquées, sans le mec et avec une meuf qui s’est rajoutée dans l’équation. J’ai beau savoir que les boules carrées existent dans les mathématiques, j’ai beau réussir à résoudre des problèmes de thermodynamique d’un niveau CAPES, cette inconnue dans l’équation, je ne saurai pas la faire dégager. La haine. Puis l’indifférence. Mais pas pour tout de suite.

Devil in the details.




Il y a plein de choses dont on rêve secrètement. La paire de ballerines souris de Marc Jacobs. Partir en voyage à Amsterdam, ne pas revenir. Rencontrer son idole. Je ne sais pas, ce qui vous vous fait rêver, rêver en grand je veux dire. Chacun a sa liste, conforme à la vision de la vie qu’on a. Mais il je me rends compte que finalement, les détails sont le diable. Je n’arrive pas à transposer l’expression anglaise en français, entendu dans une chanson éponyme de Placebo, Devil in the Details. Mais c’est exactement ça. Vous savez que partir à l’autre bout du monde ne se fera pas demain. C’est un projet, lointain, dont on se plaît à penser, un sourire sur le visage et le regard vague. Vague. L’opposé de détaillé.
Je savais que j’avais envie de lui. Il aura fallu cinq jours à peine. L’affaire était pliée, bouclée, je jurais que s’il m’invitait chez lui dans la semaine, j’aurais revêtu mes plus beaux sous-vêtements et je me serais offerte, simplement. J’aurais craqué. J’ai approché du but, j’ai touché du doigt ces rêves secrets grâce à tous ces petits détails diabolique. Les textos qui font la grande roue dans le ventre. Le ventre justement, qui ne se fait jamais oublier. Les regards. Les clins d’œil. La complicité. Puis le toucher. Les mains sur les hanches. Les chatouilles. Les câlins. Sentir son ossature sous un tee-shirt. Se sentir petite, l’être, mais le ressentir avant tout. Une main dans les cheveux. L’odeur de chez lui.
Vous pouvez rire. Honnêtement, je rirais si je n’avais pas vécu ça il y a moins de 24 heures, or c’est le cas. Franchement, les filles qui s’épanchent sur des mecs imaginaires, ou pseudo-imaginaires, c’est pathétique non ? La drague à deux balles sur les beaux yeux, les cils qui papillonnent, on en a rien à carrer, c’est pas avec ça qu’on construit des relations solides hein ? Et puis, attendez, n’importe quoi sérieux, cinq jours, ou sept, c’est quoi dans un mois, dans une année, dans une vie ? On oublie la plupart des jours que l’on vit. On les laisse derrière nous une fois les paupières closes, prêt à s’enfoncer dans un sommeil paradoxal pour les plus chanceux, une insomnie profonde pour les moins chanceux. Alors réitérer l’opération cinq fois, ce n’est rien. On ferme les yeux, on oublie. Cette fille là, elle est vraiment nulle et cucul, qu’on dira. J’aurais été la première à le dire.
Et aujourd’hui je me sens conne parce que j’ai eu les mêmes envies que ces filles que j’ai jugées pathétiques au premier regard de leur situation. Si j’avais su putain, je pense que j’aurais tourné ma langue sept fois dans ma bouche avant de lancer une méduse à la première venue. Aujourd’hui, je suis la fille à qui on a dit « Il faut qu’on parle. J’ai une copine. Je te le dis avant que ça n’aille plus loin. » Aujourd’hui, je suis la fille qui s’est retrouvée conne dans un appart inconnu avec l’envie de prendre ses jambes à son cou tellement je me suis sentie ridicule. Aujourd’hui, je suis repassée de l’autre côté du miroir et je me suis rendue compte que l’envers était bien plus beau, car pimenté de détails.
L’orgueil. On en revient toujours là. C’est lui qui en prend le plus pour son grade. L’orgueil. Il vous faut un temps incroyable avant d’arriver à le faire taire, d’y mettre les chaînes, de le garder enfermé. Un instant de malveillance et il reprend sa place, trop grande. L’orgueil est le point le plus sensible de notre personne. Ce n’est pas le cœur qui est en cause. Mais l’orgueil, toujours.
Et c’est aussi cet orgueil là qui vous fait dire que l’envers du miroir est bien plus beau. Votre quotidien ne lui suffit plus, il en veut plus. Il vous fait croire que vous avez déjà exploité toutes les possibilités de ce quotidien. C’est peut-être faux. Sûrement même. Il y a des détails aussi dans votre quotidien. Seulement, vous n’y prêtez pas attention. Moi la première. Peut-être faudrait-il commencer par là pour oublier. Au lieu de fermer les paupières et être passive, jusqu’à attendre demain. J’ouvrirai les yeux et je me dirai « Regarde, et emmerde-le monde, particulièrement ton orgueil. » Et ce mec aussi.
Oui, ce mec demain, je l’emmerderai.
On ne grandit pas toujours aussi vite que l’on aimerait.

Préface.


La grande Aventure. Voilà, ça y est, vous avez votre bac en poche, de préférence mention Bien ou Très Bien. Vous êtes fiers de vous. Vous le pouvez. Je ne sais pas encore, avec le recul, si on devrait l’être d’ailleurs. On l’est, car c’est l’aboutissement de la première partie de votre scolarité. Vous l’avez survolée avec plus ou moins de brio. Plus que moins, d’ailleurs. Les gens vous félicitent. Vous vous sentez forts et invincibles. La prépa ne vous fait pas peur. Ce n’est pas faute de vous avoir mis en garde. Mais vous croyez que vous allez passer à travers les rumeurs, les légendes. Et c’est là que vous ne devriez ne plus être fiers de vous. L’orgueil. Un des sept péchés capitaux. Vous allez en souffrir de votre orgueil. Vous étiez le meilleur. Vous étiez celui qui expliquait aux autres. Vous étiez celui que le prof interrogeait à défaut de participant. Le désigné volontaire qui se cachait dans la salle. C’est fini. Pour la plupart d’entre vous, c’est fini. Je suis désolée de vous l’annoncer. Gardez pour vous vos moments de gloire, vos souvenirs de l’été, de vos années lycée qui pouvaient s’apparenter au Club Med comparé à ce que vous allez vivre.
Si vous lisez ça avant de rentrer en prépa, vous direz que j’exagère. Ceux qui y sont passés comprendront. J’écris ça dans le feu de l’action. Je le vis. C’est mon quotidien. Chaque jour on se lève. Une heure plus tard on est en cours. On sort le soir de cours. On a colle. On rentre. On travaille. On mange. On travaille. On dort. Ça sera votre vie pendant deux ans, sauf quelques jours. Vous aurez des coups de blues. Vous perdrez de l’orgueil. Vous prendrez des claques. Vous vous répéterez tous les jours ou presque « Qu’est-ce que je fous là putain ? » ou bien, pire, « Je suis mauvais, je m’en sortirai jamais. »
Il faut une part d’inconscience pour entrer en prépa. Il faut ne pas savoir exactement ce qui nous attend pour accepter de signer pendant deux ans.
Une amie m’a dit : « La prépa, c’est infiltrer un virus dans une classe, la contaminer et voir les plus résistants. »
Et contre toute attente, pour la plupart, vous résisterez. Ça ne sera pas simple. Votre notion du temps, du travail, de la concentration, de l’amitié, simplement votre vision de la vie va changer complètement si vous vous prêtez au jeu. Et c’est ainsi que vous résisterez à la maladie.
J’ai gardé la métaphore de la maladie parce qu’une fois que vous êtes infectés, vous n’en sortez pas indemne. Si vous le ressortiez, jamais vous ne reviendriez en deuxième année. Car, passé le stade psychologique pour ceux qui sont partis de la maison par exemple, qui ont quitté leurs amis, il ne reste vraiment que la prépa. Vous savez exactement ce qui vous attend. Le rythme de travail. Les sacrifices. Le manque de sommeil. Le stress. La pression. Cette pression qui vous permet de faire des choses que vous n’auriez jamais pu en temps normal. Les professeurs. Les remarques désobligeantes. Les colles. Les DS. Le stress, encore. Vous savez tout ça. Et malgré tout, vous y retournez. Vous êtes atteint. Les deux mois d’été entre la sup et la spé ont eu raison de votre orgueil, il a repris vie, s’est revigoré et à nouveau, vous vous croyez invincible.
Vous l’êtes peut-être finalement. Si vous allez au bout, vous aurez appris beaucoup sur vous-même. Vous ne serez plus votre pire ennemi parce que vous vous connaitrez. C’est rare de se connaître à 18 ans. Ou à 19 ans.

Bonne chance à ceux qui commencent. À ceux qui sont dedans.


Alice.