lundi 19 septembre 2011

Idioteque.




Aujourd’hui, j’ai décidé que j’étais forte. Oui vraiment, juste aujourd’hui là comme ça. En fait je vous mens un peu, c’était hier. Je faisais mon jogging hebdomadaire, seule activité physique que j’arrive à maintenir à peu près régulièrement depuis que je suis en prépa. Je disais donc que j’avais décidé d’être forte. J’ai décidé que je ne ferai pas 5/2 quoi qu’il arrive, j’ai décidé que j’aurai une putain d’école d’ingénieur (du genre des Mines de Paris avec sa résidence étudiante boulevard Saint-Germain-des-Prés et sa vue sur le Jardin du Luxembourg). Je m’essaye un peu à la méthode Couet j’ai l’impression. Nous connaissant, moi et mon pessimisme inhérent, vous devinez que ce n’est pas gagné, que je tienne cette résolution là. J’ai un regain d’énergie et de force qui me dit que rien ne peut m’atteindre. Je pense quand même que mon orgueil y est pour quelque chose et je m’attends à un sale tour de ce dernier d’un jour à l’autre. Il l’a déjà fait quand je suis rentrée en sup et que j’ai osé imaginer, le temps d’une seconde, que je passerai moi aussi à travers toutes les légendes de la prépa. Forcée de constater que c’est faux, je me suis battue. Et aujourd’hui, je pense que si je me bats comme ça, ça ne peut pas être pour des prunes.
Crétin se tient à carreaux le soir, ça fait 48 heures que j’arrive à avoir une paix royale une fois la porte de chez moi claquée et je peux vous dire que ce n’est pas un fait non négligeable. Mais Crétin est jaloux quand d’autres garçons me demandent mon numéro de téléphone – enfin un autre garçon, n’exagérons rien, on sait tous que le proverbe « Un de perdu, dix de retrouvés » c’est du flan. Crétin m’a fait des avances sexuelles. Puis Crétin a dit qu’il faisait ça à tout le monde. Je suis tout le monde. Je suis confondue dans cette masse de gens qu’il voit au quotidien et dont il se fout des sentiments en tordant les mots. Car oui, je reste persuadée qu’il y a des mots qu’on ne doit pas dire à certaines personnes, qu’on doit réserver pour les plus exceptionnels. On fait attention aux mots qu’on utilise. On arrête de les étirer à l’infini, pensant qu’ils ne vous péteront jamais à la gueule, parce que c’est faux. On respecte les mots. On ne modifie pas leur sens, on en apprend de nouveaux si on manque de nuance, mais par pitié, qu’on arrête de clamer des je t’aime insouciants à de parfaits inconnus. Ou bien prononcer le verbe « faire l’amour » à une fille, sachant que cette fille-là, elle vous apprécie, et que vous faire l’amour, elle serait franchement pas contre (pour les sourds-muets-aveugles-malentendants-dyslexiques-et-autres, ladite fille, c’est moi).
Ce soir, j’écoute Radiohead. C’est un phénomène très rare car d’habitude, Radiohead me fait tomber dans un état dépressif assurément, dans les secondes qui suivent la première écoute d’albums comme Kid A ou bien In Rainbows. Mais E. a tenu à ce que j’écoute, comme je tiens au fait qu’il écoute Midnight Boom des Kills. La seule chanson de Radiohead qui fasse exception à la règle de la dépression est Idioteque. Cette chanson m’envoûte autant qu’elle me calme. Elle me projette sur une plage en hiver. Elle impose le rythme à mes jambes quand je cours. Avec ça, je coupe de tout. Même des crétins et de la prépa. Quand je l’écoute, il n’y a plus que le vide. Et croyez-moi, c’est loin d’être terrifiant le vide. Ça l’est beaucoup moins que les doutes et les incertitudes qui nous rongent au quotidien, parce qu’ils nous obsèdent, mais qu’on n’ose pas y penser. Je clame peut-être qu’aujourd’hui, j’ai décidé d’être forte, mais au fond il reste des failles et quelques doutes. On peut vivre sans. Mais alors, on vit bêtement, on ne pense plus. Je veux penser. Je veux exister.
I'll laugh until my head comes off
I'll swallow till I burst
Until I burst
Until I

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