dimanche 18 septembre 2011

Préface.


La grande Aventure. Voilà, ça y est, vous avez votre bac en poche, de préférence mention Bien ou Très Bien. Vous êtes fiers de vous. Vous le pouvez. Je ne sais pas encore, avec le recul, si on devrait l’être d’ailleurs. On l’est, car c’est l’aboutissement de la première partie de votre scolarité. Vous l’avez survolée avec plus ou moins de brio. Plus que moins, d’ailleurs. Les gens vous félicitent. Vous vous sentez forts et invincibles. La prépa ne vous fait pas peur. Ce n’est pas faute de vous avoir mis en garde. Mais vous croyez que vous allez passer à travers les rumeurs, les légendes. Et c’est là que vous ne devriez ne plus être fiers de vous. L’orgueil. Un des sept péchés capitaux. Vous allez en souffrir de votre orgueil. Vous étiez le meilleur. Vous étiez celui qui expliquait aux autres. Vous étiez celui que le prof interrogeait à défaut de participant. Le désigné volontaire qui se cachait dans la salle. C’est fini. Pour la plupart d’entre vous, c’est fini. Je suis désolée de vous l’annoncer. Gardez pour vous vos moments de gloire, vos souvenirs de l’été, de vos années lycée qui pouvaient s’apparenter au Club Med comparé à ce que vous allez vivre.
Si vous lisez ça avant de rentrer en prépa, vous direz que j’exagère. Ceux qui y sont passés comprendront. J’écris ça dans le feu de l’action. Je le vis. C’est mon quotidien. Chaque jour on se lève. Une heure plus tard on est en cours. On sort le soir de cours. On a colle. On rentre. On travaille. On mange. On travaille. On dort. Ça sera votre vie pendant deux ans, sauf quelques jours. Vous aurez des coups de blues. Vous perdrez de l’orgueil. Vous prendrez des claques. Vous vous répéterez tous les jours ou presque « Qu’est-ce que je fous là putain ? » ou bien, pire, « Je suis mauvais, je m’en sortirai jamais. »
Il faut une part d’inconscience pour entrer en prépa. Il faut ne pas savoir exactement ce qui nous attend pour accepter de signer pendant deux ans.
Une amie m’a dit : « La prépa, c’est infiltrer un virus dans une classe, la contaminer et voir les plus résistants. »
Et contre toute attente, pour la plupart, vous résisterez. Ça ne sera pas simple. Votre notion du temps, du travail, de la concentration, de l’amitié, simplement votre vision de la vie va changer complètement si vous vous prêtez au jeu. Et c’est ainsi que vous résisterez à la maladie.
J’ai gardé la métaphore de la maladie parce qu’une fois que vous êtes infectés, vous n’en sortez pas indemne. Si vous le ressortiez, jamais vous ne reviendriez en deuxième année. Car, passé le stade psychologique pour ceux qui sont partis de la maison par exemple, qui ont quitté leurs amis, il ne reste vraiment que la prépa. Vous savez exactement ce qui vous attend. Le rythme de travail. Les sacrifices. Le manque de sommeil. Le stress. La pression. Cette pression qui vous permet de faire des choses que vous n’auriez jamais pu en temps normal. Les professeurs. Les remarques désobligeantes. Les colles. Les DS. Le stress, encore. Vous savez tout ça. Et malgré tout, vous y retournez. Vous êtes atteint. Les deux mois d’été entre la sup et la spé ont eu raison de votre orgueil, il a repris vie, s’est revigoré et à nouveau, vous vous croyez invincible.
Vous l’êtes peut-être finalement. Si vous allez au bout, vous aurez appris beaucoup sur vous-même. Vous ne serez plus votre pire ennemi parce que vous vous connaitrez. C’est rare de se connaître à 18 ans. Ou à 19 ans.

Bonne chance à ceux qui commencent. À ceux qui sont dedans.


Alice.

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