dimanche 18 septembre 2011

Devil in the details.




Il y a plein de choses dont on rêve secrètement. La paire de ballerines souris de Marc Jacobs. Partir en voyage à Amsterdam, ne pas revenir. Rencontrer son idole. Je ne sais pas, ce qui vous vous fait rêver, rêver en grand je veux dire. Chacun a sa liste, conforme à la vision de la vie qu’on a. Mais il je me rends compte que finalement, les détails sont le diable. Je n’arrive pas à transposer l’expression anglaise en français, entendu dans une chanson éponyme de Placebo, Devil in the Details. Mais c’est exactement ça. Vous savez que partir à l’autre bout du monde ne se fera pas demain. C’est un projet, lointain, dont on se plaît à penser, un sourire sur le visage et le regard vague. Vague. L’opposé de détaillé.
Je savais que j’avais envie de lui. Il aura fallu cinq jours à peine. L’affaire était pliée, bouclée, je jurais que s’il m’invitait chez lui dans la semaine, j’aurais revêtu mes plus beaux sous-vêtements et je me serais offerte, simplement. J’aurais craqué. J’ai approché du but, j’ai touché du doigt ces rêves secrets grâce à tous ces petits détails diabolique. Les textos qui font la grande roue dans le ventre. Le ventre justement, qui ne se fait jamais oublier. Les regards. Les clins d’œil. La complicité. Puis le toucher. Les mains sur les hanches. Les chatouilles. Les câlins. Sentir son ossature sous un tee-shirt. Se sentir petite, l’être, mais le ressentir avant tout. Une main dans les cheveux. L’odeur de chez lui.
Vous pouvez rire. Honnêtement, je rirais si je n’avais pas vécu ça il y a moins de 24 heures, or c’est le cas. Franchement, les filles qui s’épanchent sur des mecs imaginaires, ou pseudo-imaginaires, c’est pathétique non ? La drague à deux balles sur les beaux yeux, les cils qui papillonnent, on en a rien à carrer, c’est pas avec ça qu’on construit des relations solides hein ? Et puis, attendez, n’importe quoi sérieux, cinq jours, ou sept, c’est quoi dans un mois, dans une année, dans une vie ? On oublie la plupart des jours que l’on vit. On les laisse derrière nous une fois les paupières closes, prêt à s’enfoncer dans un sommeil paradoxal pour les plus chanceux, une insomnie profonde pour les moins chanceux. Alors réitérer l’opération cinq fois, ce n’est rien. On ferme les yeux, on oublie. Cette fille là, elle est vraiment nulle et cucul, qu’on dira. J’aurais été la première à le dire.
Et aujourd’hui je me sens conne parce que j’ai eu les mêmes envies que ces filles que j’ai jugées pathétiques au premier regard de leur situation. Si j’avais su putain, je pense que j’aurais tourné ma langue sept fois dans ma bouche avant de lancer une méduse à la première venue. Aujourd’hui, je suis la fille à qui on a dit « Il faut qu’on parle. J’ai une copine. Je te le dis avant que ça n’aille plus loin. » Aujourd’hui, je suis la fille qui s’est retrouvée conne dans un appart inconnu avec l’envie de prendre ses jambes à son cou tellement je me suis sentie ridicule. Aujourd’hui, je suis repassée de l’autre côté du miroir et je me suis rendue compte que l’envers était bien plus beau, car pimenté de détails.
L’orgueil. On en revient toujours là. C’est lui qui en prend le plus pour son grade. L’orgueil. Il vous faut un temps incroyable avant d’arriver à le faire taire, d’y mettre les chaînes, de le garder enfermé. Un instant de malveillance et il reprend sa place, trop grande. L’orgueil est le point le plus sensible de notre personne. Ce n’est pas le cœur qui est en cause. Mais l’orgueil, toujours.
Et c’est aussi cet orgueil là qui vous fait dire que l’envers du miroir est bien plus beau. Votre quotidien ne lui suffit plus, il en veut plus. Il vous fait croire que vous avez déjà exploité toutes les possibilités de ce quotidien. C’est peut-être faux. Sûrement même. Il y a des détails aussi dans votre quotidien. Seulement, vous n’y prêtez pas attention. Moi la première. Peut-être faudrait-il commencer par là pour oublier. Au lieu de fermer les paupières et être passive, jusqu’à attendre demain. J’ouvrirai les yeux et je me dirai « Regarde, et emmerde-le monde, particulièrement ton orgueil. » Et ce mec aussi.
Oui, ce mec demain, je l’emmerderai.
On ne grandit pas toujours aussi vite que l’on aimerait.

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